Jacques Bossis : « s’ils nous proposent un contre la montre en descente je peux l’emporter »
souvenirs du tour 1979:
Le 29 juin 1979 se déroulait l’étape contre la montre Luchon-Superbagnères;
Nous étions partis très tôt, mon père passionné de vélo, mon frère ses amis et moi le jeunot ,vers 1heure du matin afin d’arriver dans les lacets de la montée Superbagnères vers 4h du matin; on s’installait et dès la levée du jour la frénésie d’une belle journée nous gagnait.
Le temps était parfait, beau, le soleil illuminait les montagnes.
Dans la matinée, on put voir Michel Croton acteur de cinéma qui faisait la montée en courant ( c’était certainement un précurseur des joggings).
Puis les premiers coureurs partirent et on eut droit pendant 5 heures au spectacle de ce bel effort individuel en altitude.
Notre coureur régional Dominique Sanders en faisait partie et à son passage un spectateur l’encouragea et lui dit: « Dominique ne prend pas le virage à la corde, passe par l’extérieur »
Puis les derniers coureurs arrivèrent et tous les spectateurs prenaient des écarts de temps entre eux.La tension montait.
Joachim Agostinho, célèbre coureur portugais et joyau découvert par le Vicomte de Gribaldy, nous fit une énorme impression, mains en haut du guidon de part et d’autre de la potence, il dégageait une telle force en tirant sur son guidon que son vélo faisait un bruit : son vélo « couinait «
Son temps de référence au passage était le meilleur.
Enfin Bernard Hinault arrivait quasiment dans les mêmes temps qu’ Agostinho.
Tout le public était en liesse au passage du blaireau: il remporta l’étape avec 11 secondes d’avance sur Agostinho et s’empara du maillot jaune qui était détenu par son coéquipier Jean René Bernaudeau.
Bernard Hinault remportera son deuxième Tour et sept victoires d’étapes.
Lors d’un contre la montre en montagne, tous les coureurs ne redescendent pas avec leur voiture et on eut la chance de vivre un moment d’échange avec Jacques Bossis de l’équipe Peugeot qui descendit et s’arrêta auprès de nous :
Un Ami: » Comment avez-vous trouvé l’étape? »
Jacques Bossis : « Ça grimpe trop c’est un contre la montre pour les favoris du Tour! S’ils nous proposaient un contre la montre en descente j’aurais mes chances pour l’emporter je mettrais coudières et genouillères et je descendrais comme un fou à tombeau ouvert »
Pour moi le polo damier c'est cette légende d’un contre la montre en descente.